"Suzanne", la belle surprise ciné de cette fin d'année!
Avec "Suzanne", la jeune réalisatrice Katell Quillévéré nous offre un film fort et maîtrisé comme j'aimerais en voir plus souvent! Sara Forestier et Adèle Haenel crèvent l'écran dans ce récit d'un destin bouleversant.
Drame français de 1h34min (2012) réalisé par Katell Quillévéré avec Sara Forestier, François Damiens, Adèle Haenel, Paul Hamy, Corinne Masiero, Anne Le Ny... Sortie le 18 décembre 2012.
Synopsis: C'est l'histoire d'une famille et d'un amour à travers le parcours d'une jeune femme, Suzanne. D'abord les années d'enfance avec sa soeur Maria, années heureuses malgré l'absence de la mère, décédée prématurément. Nicolaï, leur père, mène tant bien que mal la barque. Maladroit et aimant, il se sacrifie peu à peu pour elles. Puis vient l'adolescence. Suzanne tombe enceinte, rencontre un garçon un peu voyou dont elle tombe éperdument amoureuse. Elle s'enfuit avec lui, abandonnant son enfant. S'ensuivront les année d'errances, la prison, l'attente, un accident. Un chemin difficile, parsemé d'embûches avant que cette famille puisse se reconstruire, avant que le père, la fille et le petit-fils se retrouvent... (source premiere.fr).
Voici la bande-annonce:
Le saviez-vous?
Suzanne a été présenté en ouverture de la 52ème Semaine de la Critique, dans le cadre du Festival de Cannes 2013.
Le tournage de Suzanne n’a pas été une sinécure pour Sara Forestier. L’actrice césarisée pour son rôle dans Le Nom des Gens a avoué avoir été mal dans sa peau sur le plateau, parce qu'elle est allée chercher de nombreuses peines au fond d’elle-même pour incarner Suzanne. Le fait d’abandonner son personnage à la fin du tournage a été vécu comme une libération par la jeune femme.
L’idée de mettre en scène Suzanne est née dans les lectures de Katell Quillévéré. "Quand mon compagnon lisait beaucoup de livres sur les ennemis publics français comme Mesrine, Besse, Vaujour, il m’a offert les autobiographies de leurs compagnes. J’étais fascinée par l’attitude de ces femmes à la fois extrêmement courageuses mais aussi dans une soumission presque suicidaire à leurs hommes", confesse la réalisatrice.
Sara Forestier s’est mise dans un état émotionnel extrême pour incarner Suzanne. Katell Quillévéré l’a bien remarqué. A tel point que la réalisatrice s’est dite impressionnée par la faculté d’interprétation de sa comédienne : "C’est une actrice incroyable, d’une intensité rare, capable d’endosser des situations de jeu très violentes. Et en même temps, elle est très lumineuse, ce qui était un atout énorme pour le personnage, car je savais que le film était potentiellement très sombre (…). Pendant le tournage, j’étais fascinée par la maturité émotionnelle de cette jeune femme de 25 ans. Elle pouvait tout exprimer, la violence de la passion amoureuse, la douleur du deuil, les joies de la maternité, comme si elle avait déjà eu cent vies…", rapporte Quillévéré.
Pour réaliser Suzanne, Katell Quillévéré s’est directement inspirée d’un film japonais intitulé Il était un père de Yasujoro Ozu sorti en 1942 au Japon mais découvert en 2005 en France. Dans ce film, le réalisateur japonais raconte l’histoire, avec des ellipses, entre un père et un fils (un père et une fille dans Suzanne) sur une période de 20 ans (25 dans Suzanne).
Pour les besoins du scénario, Katell Quillévéré et son équipe ont tourné dans une prison pour hommes dans le sud de la France (une scène devant se dérouler dans une prison pour femmes). De fait, une vingtaine de figurantes ont été introduites dans le pénitencier pour réaliser le tournage. Cette présence féminine n’a pas manqué d’émoustiller les pensionnaires du lieu qui ont suivi avec attention la scène.
Source: allocine.fr
Mon avis:
Quand j'en ai l'occasion, j'aime bien voir les films en avant-première. Tout d'abord parce que les voir quelques semaines avant leur sortie permet d'arriver au cinéma avec un regard neuf, en n'ayant pas encore vu de promo ou de critiques qui pourraient m'influencer, et puis surtout parce que la rencontre avec l'équipe du film qui suit la projection est en général très intéressante.
Le 4 décembre dernier, c'est Suzanne que j'ai pu voir en avant-première au cinéma Utopia de Toulouse. Le film réunit tout ce que j'aime au cinéma: une histoire sombre et ancrée dans le réel, un regard sur les personnages qui ne juge pas, un scénario riche avec une dimension psychologique intéressante, de l'émotion et des acteurs et surtout des actrices éblouissantes!
Sara Forestier est formidable dans le rôle-titre, apportant une luminosité bienvenue à un personnage ambivalent au destin pourtant bien sombre. Adèle Haenel m'a bluffée en petite soeur solide sur qui Suzanne peut toujours compter. Corinne Masiero joue de manière très juste le rôle de l'avocate. Quant à François Damiens, il convainc dans celui du père veuf, aimant mais souvent absent.
Quelle n'a pas été ma surprise en voyant arriver la réalisatrice à l'issue de la séance: la jolie Katell Quillévéré est toute jeune (enfin, elle a mon âge...à 2 jours près)! Suzanne est son 2e long-métrage après Un poison violent (à voir le 28 février sur Arte), et déjà: quelle maîtrise! Impressionnante de maturité, elle a répondu aux questions des spectateurs et expliqué ses choix de scénario avec autant de passion que de bienveillance.
Katell Quillévéré a beaucoup utilisé les ellipses dans son film, ce qui permet de couvrir 25 ans en à peine plus d'1h30. Et plutôt que de filmer le couple en cavale, elle a eu la bonne idée de nous montrer le quotidien de ceux qui restent, l'entourage sans nouvelles. C'est non seulement plus original, mais aussi plus fort cinématographiquement parlant!
Selon la réalisatrice, le film ne s'intéresse pas à "la causalité" mais au contraire à "la puissance du hasard dans nos vies". Si on ne sait pas dans quelles circonstances la mère de Suzanne est décédée, c'est parce qu'"on ne peut pas expliquer le parcours de Suzanne de manière aussi simpliste, juste parce qu'elle a perdu sa mère jeune".
Katell Quillévéré a eu l'idée du personnage de Suzanne et de cette histoire d'amour fou en lisant les biographies des compagnes de grands bandits, en particulier Je n'ai pas le droit à l'oubli de Jeanne Schneider, l'épouse de Jacques Mesrine. Elle ne sait pas encore quel sera son prochain film, mais une chose est sûre: je vais suivre attentivement cette réalisatrice extrêmement talentueuse dont la carrière ne fait que commencer!
---
Et vous, quel est le film que vous recommandez en cette fin d'année?
N'oubliez pas les billets-cadeau des 3 ans du blog! A gagner: - 10 carnets de notes Quo Vadis - 5 lots de stickers "Qui est à bord?" - 3 huiles de beauté Weleda - 3 lots de 3 Livres de Poche édition spécial Noël! - un joli tampon Mïmo! - 2 albums de Lou Doillon ("Places") - et 3 lots de 2 BDs "Le Train des Orphelins"!