Jamie Cullum à Jazz in Marciac : un moment magique!
Je n'étais jamais allée au Festival Jazz in Marciac et je connaissais à peine l'artiste Jamie Cullum, son concert du 13 août dans le Gers était donc l'occasion idéale de faire d'une pierre deux coups. Retour sur cette soirée...dont je me souviendrai longtemps!
Récemment, aux Ateliers de Couthures dont je vous parlerai normalement bientôt, un photographe nous faisait remarquer qu'il avait déjà pleuré d'émotion en lisant un livre, en regardant un film ou un tableau, mais que jamais ses larmes n'avaient coulé devant une photo. Et effectivement, de mon côté je fais le même constat... La musique aussi a ce pouvoir-là. Ainsi, il y a une quinzaine d'années, j'avais pleuré sans même m'en apercevoir en écoutant Radiohead aux Eurockéennes de Belfort (voir ici)... Je crois que ça ne m'était jamais arrivé depuis.
Le week-end du 15 août, j'ai pour la première fois pris la direction de Marciac. Cette petite ville du Gers située à moins de deux heures de Toulouse se transforme complètement pendant le célèbre festival de jazz qui en fait depuis 39 ans la réputation. Pendant trois semaines, la jolie place du village, d'habitude très calme, s'anime avec la scène du "off" et les nombreux restaurants qui sustentent les mélomanes (plus de 250 000 spectateurs cette année, dont plus de 45 000 aux concerts payants).
Tout au long de mes 24 heures sur place, j'ai été bluffée par l'organisation: les nombreux parkings gratuits tout autour de la ville, l'absence de file d'attente au contrôle des billets malgré les fouilles auxquelles il faut désormais se plier, la fluidité pour entrer et sortir du grand chapiteau... Tout était parfait, je tire mon chapeau aux organisateurs et aux bénévoles!
Le chapiteau où ont lieu les concerts du soir peut accueillir 5000 personnes, et il n'était pas loin d'être plein pour les deux artistes anglais que nous venions applaudir. Ma première impression en entrant sous la grande toile blanche n'a donc pas été très favorable : comment obtenir un son de qualité dans une telle structure? Mais mes doutes se sont envolés dès le début du concert! Les nombreux réflecteurs qui couvrent le plafond font vraiment du bon boulot. Et même si je me trouvais au fond dans les gradins, je me suis sentie complètement immergée dans le spectacle grâce au son excellent et aux trois écrans géants.
Le premier à se présenter sur scène était le très classe Hugh Coltman. Le chanteur du groupe de blues The Hoax (au sein duquel il continue de tourner) a rapidement mis le public dans sa poche en se livrant dans un français quasi parfait entre les différents morceaux de son album Shadows. Avec ce premier album de jazz, le britannique rend à la fois hommage à Nat King Cole, célèbre crooner américain dont il reprend le répertoire, et à sa mère disparue alors qu'il avait 7 ans puisque c'est la musique qu'elle écoutait à la maison. Il a déroulé les chansons avec élégance, et la néophyte que je suis en la matière s'est laissée séduire et n'a pas vu le temps passer! Avant de faire des recherches pour cet article, je croyais même dur comme fer que Hugh Coltman avait toujours chanté du jazz... alors que c'est un registre qu'il n'a abordé que très récemment.
Après cette excellente première partie, nous étions tous impatients de voir arriver le phénomème Jamie Cullum. Et nous n'allions pas être déçus! J'avais écouté quelques-uns de ses morceaux sur internet avant de prendre les places mais je ne savais pas trop à quoi m'attendre sur scène. J'espérais au mieux passer une bonne soirée et faire une chouette découverte! Mais ce qui s'est passé ce soir-là à Marciac - et ce qui se passe peut-être lors de chacun des concerts de Jamie Cullum - est très difficile à décrire, je m'en suis rendu compte récemment en essayant de raconter cette soirée à des amis... Car les mots ne traduisent pas la magie.
Eh oui, Jamie Cullum est un magicien. Il ne paye pas de mine avec son look de grand ado - pantalon et tee-shirt informe noirs, grosses baskets, cheveux hirsutes...quel contraste avec Hugh Coltman! - et sa voix n'est pas incroyable, mais cet homme de 37 ans est la musique personnifiée. Il excelle au piano (il joue même de la batterie avec!), passe au tambour puis aux claviers, fait du beatbox, saute partout, parle beaucoup (en anglais)... Il prend un bain de foule, fait participer le public, bref il s'amuse et nous embarque tous avec lui tellement son enthousiasme est communicatif! Car c'est un véritable voyage qu'il nous propose au fil des chansons et des medleys qu'il déroule durant plus de deux heures, entre standards de jazz et thèmes plus pop.
Si je ne devais retenir qu'un moment de ce show de rock-star, ce serait les cinq minutes retrouvées sur la vidéo suivante, entre 40 et 45mn, qui ont été pour moi l'apogée de la soirée:
Sur ce morceau, l'émotion m'a submergée et quelques larmes ont coulé... Un peu plus tard, Jamie Cullum a repris High and dry, de Radiohead : la boucle était bouclée. Et en rappel il nous a offert un morceau que j'aime beaucoup, A difference a day made, avant de s'éclipser sous un tonnerre d'applaudissements, ô combien mérités. Pour terminer, je n'ai qu'un conseil à vous donner : si Jamie Cullum passe près de chez vous, allez-y les yeux fermés! Si vous aimez la musique (et pas forcément le jazz), vous passerez forcément une sacrée bonne soirée.