'Ce qui nous lie', de Cédric Klapisch : un bon cru à déguster sans modération!
Avec tendresse et humour, dans son 12ème film Cédric Klapisch s'intéresse aux relations fraternelles en racontant sur quatre saisons la vie d'un domaine viticole bourguignon. Une chronique familiale émouvante, plus profonde qu'il n'y parait...
Drame français de 1h53min (2017) réalisé par Cédric Klapisch avec Pio Marmaï, Ana Girardot, François Civil... Sorti le 14 juin 2017.
Synopsis: Jean a quitté sa famille et sa Bourgogne natale il y a dix ans pour faire le tour du monde. En apprenant la mort imminente de son père, il revient dans la terre de son enfance. Il retrouve sa sœur, Juliette, et son frère, Jérémie. Leur père meurt juste avant le début des vendanges. En l’espace d’un an, au rythme des saisons qui s’enchaînent, ces trois jeunes adultes vont retrouver ou réinventer leur fraternité, s’épanouissant et mûrissant en même temps que le vin qu’ils fabriquent (source allocine.fr).
Le saviez-vous ?
Cédric Klapisch a failli faire ce film en 2010, donc avant son précédent long métrage Casse-Tête chinois sorti en 2013. Pensant qu'il y avait quelque chose à faire sur le milieu du vin, il a contacté en 2010 des vignerons qu'il connaissait pour mieux cerner cet univers. Le viticulteur et acteur Jean-Marc Roulot a alors accepté que le cinéaste vienne faire des photos pendant ses vendanges. Klapisch se rappelle: "A la suite de ça, je me suis dit qu’il fallait que j’observe précisément le changement des paysages en liaison avec le passage des saisons. Pendant les six mois qui ont suivi, j’ai fait des allers et retours en Bourgogne, pour trouver un arbre. L’arbre idéal pour pouvoir raconter le passage du temps et le cycle des saisons. J’ai rencontré un photographe qui connaissait bien le vignoble bourguignon, Michel Baudoin. C’est lui qui m’a aidé dans mes recherches. Finalement on s’est mis d’accord sur deux cerisiers : l’un à Meursault et l’autre à Pommard. Après il a fallu trouver le bon cadrage, le bon objectif, la bonne heure pour les photographier. Michel a accepté de se prêter au jeu et pendant un an il a été photographier chaque semaine ces deux arbres (à chaque fois à la même heure)… Chaque fois, il prenait une photo et il enregistrait un film d’une minute. Il a donc fait 52 photos/plans de ces deux arbres au milieu des vignes. Sans savoir exactement quoi, je sentais en regardant ces photos, qu’il y avait une matière à faire un film."
Avec Ce qui nous lie, Cédric Klapisch a posé sa caméra pour la première fois dans la nature, loin des rues de Paris, Londres, Saint-Pétersbourg, Barcelone ou New York. "J’ai ressenti la nécessité de filmer quelque chose que je n’avais jamais filmé auparavant. Ce besoin de nature a été plus fort que moi. Je ne sais pas si c’est lié à mon âge mais je pense que ça s’accompagne aussi d’un tournant sociologique que je ressens aujourd’hui. Le rapport des gens des villes à l’agriculture ou à la nourriture est en train de changer. Ce n’est pas juste un phénomène de mode. Les gens des villes ont beaucoup plus besoin d’atténuer les frontières entre le monde urbain et la campagne", confie le metteur en scène.
Pour que le film soit crédible d'un point de vue technique, le viticulteur et comédien Jean-Marc Roulot a relu les versions du scénario et a expliqué la réalité du monde agricole d'aujourd'hui à Cédric Klapisch et Santiago Amigorena (en leur détaillant par exemple les différences entre Label Bio et biodynamie, entre vin naturel et vin traditionnel).
Le cinéaste Cédric Klapisch a récemment travaillé avec François Civil sur la série Dix pour cent.
Source: allocine.fr
Mon avis :
J'avais hâte de voir ce film pour plusieurs raisons et je n'ai pas été déçue!
La première, c'est que je rate rarement un film de Cédric Klapisch. J'aime les thèmes qu'il aborde (le temps qui passe, les relations humaines, et ici la transmission et l'héritage familial) et les acteurs dont il s'entoure.
La seconde, justement pour le trio d'acteurs principaux, tous formidables, avec un coup de coeur pour François Civil découvert dans la série Dix pour cent et qui a tout d'un futur grand! Sa bonne bouille, son côté drôle et tendre à la fois le rendent particulièrement touchant, je trouve qu'il crève vraiment l'écran dans ce film. Ana Girardot et Pio Marmaï sont parfaits également, justes et très naturels, et on croit très rapidement à leur fratrie.
La troisième raison enfin est très personnelle puisque le film a été tourné dans les paysages de mon enfance, c'est tout juste si on ne voit pas la maison familiale à l'écran! Ces vignes sur les coteaux, ces couleurs qui changent au rythme des saisons, ces groupes de vendangeurs qui envahissent les villages en septembre, et surtout ce métier de viticulteur, tout ça je le connais par coeur et de l'intérieur. Et tout est crédible, on voit qu'un viticulteur a relu le scénario.
Je viens de ce milieu simple et riche à la fois et je suis fière de mes racines, bien ancrées dans la terre même si je m'en suis éloignée, un peu comme le personnage de Jean. Je ne bois pas beaucoup et je ne suis pas une spécialiste, mais je sais toute la richesse de cette culture, tout ce que l'on peut trouver dans un verre, tous les moments de partage et de convivialité autour d'une bonne bouteille, tout le travail aussi pour en arriver là. J'ai beaucoup aimé la scène de la dégustation à la fin du film, lorsque chacun retrouve la personnalité de Juliette dans sa première cuvée...
J'espère que ce film donnera envie aux spectateurs d'aller découvrir la Bourgogne, très touchée ces dernières années par les aléas climatiques... C'est une région magnifique et surtout très authentique, alors n'hésitez pas si vous en avez l'occasion à vous y arrêter sur la route des vacances!
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Et vous, qu'avez-vous pensé de Ce qui nous lie?