"Réparer les vivants", de Maylis de Kerangal
J'ai depuis plus d'une semaine un article en attente, mais je n'ai pas envie de le publier. Le coeur n'y est pas. Comme vous tous certainement, j'ai la tête ailleurs en ce moment. Alors pour reprendre tout doucement le fil du blog - parce que sa futilité le rend en même temps réconfortant - j'ai choisi de chroniquer aujourd'hui un roman puissant au titre on ne peut plus adapté à l'actualité : "Réparer les vivants".
Le livre (paru le 02/01/2014):
«Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d'autres provinces, ils filaient vers d'autres corps.»
Réparer les vivants est le roman d'une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d'accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le cœur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l'amour.
Source: www.gallimard.fr
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L'auteur:
Née en 1967, Maylis de Kerangal a été éditrice pour les Éditions du Baron perché et a longtemps travaillé avec Pierre Marchand aux Guides Gallimard puis à la jeunesse. Elle est l’auteur de cinq romans aux Éditions Verticales, Je marche sous un ciel de traîne (2000), La vie voyageuse (2003), Corniche Kennedy et Naissance d’un pont (2010; Folio 2012) et Réparer les vivants (2014), ainsi que d’un recueil de nouvelles, Ni fleurs ni couronnes («Minimales», 2006) et d’une novella, Tangente vers l’est («Minimales», 2012; prix Landerneau 2012). Aux Éditions Naïve, elle a conçu une fiction en hommage à Kate Bush et Blondie, Dans les rapides (2007; Folio, mai 2014). Elle a reçu le Grand Prix de littérature Henri-Gal de l'Académie Française 2014 pour l'ensemble de son oeuvre.
Source: www.editions-verticales.com
Mon avis:
On m'avait prévenue : Réparer les vivants est un roman qu'on ne lâche pas avant de l'avoir fini, et on n'en ressort pas indemne! Voilà en effet une lecture haletante, intelligente, marquante, qui nous entraine dans un tourbillon d'émotions.
L'auteure, que je découvrais avec ce livre récompensé par de nombreux prix l'année dernière, se distingue à la fois par un sujet fort et par un style très libre. A l'aide de longues phrases comportant beaucoup de virgules et de tirets, qui traduisent parfaitement l'urgence mais aussi la détresse des proches de Simon, on suit pendant 24 heures le coeur d'un jeune homme plongé dans un "coma dépassé" qui va ensuite être transplanté...
Rien ne nous est épargné - la souffrance de son entourage, la délicate question du don d'organes, les opérations décrites en détail... - mais on apprend plein de choses et on ressort émerveillé par l'opération de transplantation, apothéose d'un récit passionnant et très émouvant. Quand on y pense, arriver à remplacer un coeur défaillant par un autre est vraiment impressionnant!
Maylis de Kerangal a je trouve un regard assez juste sur le personnel médical: on croise des médecins aussi brillants que mégalomanes et des infirmières qui, même empêtrées dans leurs problèmes sentimentaux, restent toujours professionnelles. Des gens comme les autres, mais qui sauvent des vies chaque jour.
Pour résumer, Réparer les vivants est un roman dur mais à lire absolument. Une vraie claque!
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Et si vous avez envie d'un roman plus léger pour vous changer les idées, attendez mon prochain billet!