Cinéma : des "Délices de Tokyo" au "Coeur régulier"
Ces dernières semaines, j'ai passé beaucoup de temps dans les salles obscures. Au programme : quelques avant-premières, de jolies découvertes et du dépaysement avec le festival Cinélatino!
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Les délices de Tokyo, de Naomi Kawase (sorti le 27/01/16)
L'histoire : les dorayakis sont des pâtisseries traditionnelles japonaises qui se composent de deux pancakes fourrés de pâte de haricots rouges confits, « AN ». Tokue, une femme de 70 ans, va tenter de convaincre Sentaro, le vendeur de dorayakis, de l’embaucher. Tokue a le secret d’une pâte exquise et la petite échoppe devient un endroit incontournable...
Mon avis : ce film qui aborde les thèmes de la solitude, des marginaux et de la transmission entre générations m'a plu, même si je m'attendais à ce qu'il soie plus léger. Néanmoins l'amitié qui se noue entre les protagonistes, la beauté des cerisiers en fleurs, le rythme lent et la sobriété de la réalisation font des Délices de Tokyo un moment de douceur dont on aurait tort de se priver!
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Ce sentiment de l'été, de Mikhaël Hers (sorti le 17/02/16)
L'histoire : au milieu de l'été, Sasha, 30 ans, décède soudainement. Alors qu'ils se connaissent peu, son compagnon Lawrence et sa sœur Zoé se rapprochent. Ils partagent comme ils peuvent la peine et le poids de l'absence, entre Berlin, Paris et New York. Trois étés, trois villes, le temps de leur retour à la lumière, portés par le souvenir de celle qu'ils ont aimée.
Mon avis : un film très pudique et très sensible, qui aurait pu être plombant étant donné qu'il traite du deuil mais qui en fait ne l'est pas du tout! Tous les acteurs sont parfaits, à commencer par l'acteur norvégien Anders Danielsen Lie, qui s'est fait connaître avec le film Oslo, 31 août (que je n'ai pas vu). J'ai bien aimé l'idée de passer d'un été à l'autre et j'ai été particulièrement touchée par la scène du concert à New York. Une jolie découverte!
Festival Cinélatino, du 11 au 20 mars 2016
La 28e édition du Festival Cinélatino, Rencontres Cinémas d'Amérique Latine de Toulouse, m'a permis de voyager sans quitter la ville rose. J'ai d'abord été à Cuba avec l'avant-première de Fui Banquero (sortie le 13 avril), puis en République Dominicaine avec Les dollars des sables, au Guatemala avec Ixcanul, en Argentine avec El Clan et enfin en Equateur avec Alba!
Au final, pas de gros coup de coeur mais un plaisir certain à me plonger dans le cinéma latino-américain pendant tout un week-end, et de jolis premiers films de jeunes réalisateurs à suivre: Jayro Bustamante pour Ixcanul et Ana Cristina Barragan (qui n'a même pas 30 ans) pour Alba.
Si le scénario de Fui Banquero aurait mérité d'être un peu plus travaillé, j'ai trouvé édifiante l'histoire vraie de mafieux argentins racontée dans El Clan... Le Festival m'a également permis de découvrir le Cratère, la seule salle de cinéma toulousaine dans laquelle je n'avais encore jamais mis les pieds. Et bien sûr, tous ces films m'ont donné furieusement envie de faire mes valises direction l'Amérique latine!
Pour voir le palmarès, RDV ici.
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Au nom de ma fille, de Vincent Garenq, sorti le 16/03/16
L'histoire : un jour de juillet 1982, André Bamberski apprend la mort de sa fille Kalinka. Elle avait 14 ans et passait ses vacances en Allemagne auprès de sa mère et de son beau-père le docteur Krombach. Rapidement, les circonstances de sa mort paraissent suspectes. L’attitude de Dieter Krombach ainsi qu’une autopsie troublante laissent beaucoup de questions sans réponse. Très vite convaincu de la culpabilité de Krombach, André Bamberski se lance dans un combat pour le confondre. Un combat de 27 ans qui deviendra l’unique obsession de sa vie…
Mon avis : dans l'histoire vraie d'André Bamberski (qui vit à Toulouse), tout est édifiant : autant la justice, qui dans cette affaire n'a pas fait son travail, autant le comportement de la mère, qui n'a pas voulu voir ce qui était arrivé à sa propre fille, autant celui du père, qui a consacré 30 ans de sa vie à essayer de faire condamner le meurtrier de Kalinka... Certes il obtiendra gain de cause, mais ça ne fera pas revenir sa fille et n'est-il pas passé à côté d'une partie de sa vie? Le réalisateur s'est concentré sur le combat de cet homme qui voulait absolument que justice soit faite, mais je trouve que le film aurait gagné à développer le personnage plus complexe de la mère qui n'est qu'esquissé... Car une histoire intéressante ne suffit pas à faire un bon film.
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Keeper, de Guillaume Senez (sortie le 23/03/16)
L'histoire : Maxime et Mélanie s’aiment. Ensemble, ils explorent leur sexualité avec amour et maladresse. Un jour, Mélanie découvre qu’elle est enceinte. Maxime accepte mal la nouvelle, mais peu à peu se conforte dans l’idée de devenir père. C’est maintenant décidé : du haut de leurs quinze ans, Maxime et Mélanie vont devenir parents…
Mon avis : c'est lors d'une avant-première en présence du réalisateur que j'ai découvert ce joli film sur la parentalité adolescente. La paternité étant un sujet qui l'intéresse beaucoup, le belge Guillaume Senez explore plus précisément le point de vue du père. Dans les rôles principaux, les jeunes Kacey Mottet Klein (découvert dans Home en 2008 et très prometteur) et Galatea Bellugi sont justes et émouvants. Keeper est un film très ouvert à tous les niveaux, qui laisse le spectateur seul juge. Je vous le conseille!
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Le coeur régulier, de Vanja d'Alcantara (sortie le 30/03/16)
L'histoire : trop longtemps séparée de son frère, Alice se rend sur ses traces au Japon, dans un village hors du temps, au pied des falaises. Ici, Nathan avait retrouvé l'apaisement auprès d'un certain Daïsuke. C'est au tour d'Alice de se rapprocher du vieil homme, et de ses hôtes. Dans une atmosphère toute japonaise, elle se remet à écouter son cœur…
Mon avis : c'est après avoir assisté à la rencontre avec Olivier Adam organisée à la médiathèque pour la sortie de son dernier livre La Renverse que je me suis rendue à l'avant-première de l'adaptation de son roman Le coeur régulier au cinéma ABC. Difficile de me détacher du livre lors de la projection car je venais de le lire et l'avais donc bien en tête, mais le film étant assez fidèle à l'esprit du roman ça n'a finalement pas été trop perturbant. Alors qu'il avait conseillé à Vanja d'Alcantara de se détacher de son histoire pour mieux se l'approprier, Olivier Adam a confié que le film correspondait exactement à l'état de son cerveau avant qu'il n'écrive le livre! Il a reconnu les paysages, les personnages et même "la texture du temps" qui l'avaient inspiré, la magie semble donc avoir opéré... Il faut savoir que la jeune réalisatrice belge s'intéressait à Yukio Shige ("le sauveur des falaises" qui a inspiré le personnage de Daïsuke) depuis quelque temps mais ne savait pas comment en faire quelque chose au cinéma quand elle est tombée par hasard sur le roman d'Olivier Adam. L'adapter a tout de suite été pour elle une évidence, et c'est cette nécessité qui a fait que le romancier a accepté. Le résultat est convaincant : si vous êtes attiré par le Japon ou que vous n'avez pas peur des films lents, si vous êtes interpellé par la question de la quête d'identité ou si vous avez aimé le roman d'Olivier Adam, alors ne ratez pas ce joli film durant lequel le coeur s'apaise progressivement.
Et si vous voulez retrouver mon avis sur The Revenant, Les Ogres (à ne pas manquer) et Médecin de campagne, actuellement en salles, c'est par ici !
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Et vous, quels sont les derniers films que vous avez vu au ciné ?