Prix Relay 2016 : 'La route étroite vers le nord lointain', de Richard Flanagan
Il me reste à vous parler du 4e et dernier roman lu dans le cadre du Prix Relay : 'La route étroite vers le nord lointain', de Richard Flanagan. Il s'agit en fait du premier livre que j'ai reçu mais, devant le caractère horrible de certains passages, j'avais préféré en remettre la lecture à plus tard...
Le livre :
En 1941, Dorrigo Evans, jeune officier médecin, vient à peine de tomber amoureux lorsque la guerre s’embrase et le précipite, avec son bataillon, en Orient puis dans l’enfer d’un camp de travail japonais. Maltraités par les gardes, affamés, exténués, malades, les prisonniers se raccrochent à ce qu’ils peuvent pour survivre – la camaraderie, l’humour, les souvenirs du pays. Au coeur de ces ténèbres, c’est l’espoir de retrouver Amy, l’épouse de son oncle avec laquelle il vivait sa bouleversante passion avant de partir au front, qui permet à Dorrigo de subsister.
Cinquante ans plus tard, sollicité pour écrire la préface d’un ouvrage commémoratif, le vieil homme devenu après-guerre un héros national convoque les spectres du passé. Ceux de tous ces innocents morts pour rien, dont il entend honorer le courage. Ceux des bourreaux, pénétrés de leur “devoir”, guidés par leur empereur et par la spiritualité des haïkus. Celui d’Amy enfin, amour absolu et indépassable, qui le hante toujours.
Porté par une écriture d’une rare intensité poétique, La Route étroite vers le Nord lointain est un roman puissant sur l’absurdité de la condition humaine, une méditation ombreuse sur l’amour et la mort, un cri contre la précarité de la mémoire et l’inacceptable victoire de l’oubli.
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L'auteur :
Richard Flanagan est un écrivain et journaliste né en 1961 à Longford en Tasmanie. Il est l’auteur de A contre-courant (2000), Dispersés par le vent (2002, l’Australian Booksellers Book of the Year Award et le Vance Palmer Prize for Fiction), Le livre de Gould (2005, Commonwealth Writers Prize in the South East Asia & South Pacific Region). Il remporte en octobre 2014 le Man Booker Prize pour La Route étroite vers le Nord lointain. Ses romans sont traduits dans de nombreux pays européens et font de lui un écrivain marquant de ce début de XXIe siècle (source: prixrelay.com).
Mon avis :
Je ne connaissais pas Richard Flanagan et force est de constater que son style brillant (même traduit) m'a emporté. Il y a un véritable souffle dans ce livre, et beaucoup de poésie grâce aux haïkus japonais parsemés dans le récit.
Cependant cette lecture n'est pas à mettre entre toutes les mains. Je l'avais commencée il y a quelques mois avant de l'arrêter presque aussitôt : à ce moment-là, je n'avais vraiment pas la tête à me plonger dans l'atrocité de la Seconde Guerre Mondiale et des camps de travail japonais. En effet, rien ne nous est épargné: les corps décharnés des prisonniers, les odeurs pestilentielles, les maladies toutes plus horribles les unes que les autres, une scène d'amputation, un passage relatant une pendaison... L'auteur, qui donne de nombreux détails, s'est inspiré de la vie de son père et s'est certainement beaucoup documenté.
S'approchant de la tente où étaient soignés les ulcères, Dorrigo fut assailli par une odeur nauséabonde de chairs en décomposition. Des relents de viande avariée si épouvantables que Jimmy Bigelow - qui accompagnait Evans dans ses tournées en dehors de l'enceinte des malades du choléra pour faire office d'infirmier - devait parfois sortir pour vomir.
Heureusement la construction du roman, découpé en cinq grandes parties elles-mêmes divisées en chapitres très courts, et l'alternance des flash-backs entre différentes époques permettent au lecteur de souffler ou de respirer entre deux passages difficiles. L'auteur présente les points de vue de plusieurs personnes (une majorité d'Australiens bien sûr, mais aussi quelques Japonais et Coréens) entrainées dans la tragédie et l'horreur d'une guerre et suit quelques survivants dans leur "vie d'après".
La Route étroite vers le Nord lointain traite de la violence de la guerre et de l'absurdité de la condition humaine, de l'honneur et de la solidarité, et beaucoup du souvenir ou plutôt du fait qu'à terme on finit par tout oublier, même les pires atrocités... En parallèle il y a aussi une réflexion sur l'amour et les différentes formes qu'il peut prendre. Vous l'avez compris, il s'agit d'une lecture âcre et pessimiste, à réserver à des lecteurs qui ont le moral et le coeur bien accroché!
J'ai apprécié ce livre et surtout l'écriture de Richard Flanagan mais j'ai également été contente, ou plus exactement soulagée, de le refermer. Voilà pourquoi mon vote ira à un autre roman dans le cadre du Prix Relay!
Il reste quelques jours pour voter pour votre roman préféré!
Les votes du Prix Relay sont ouverts jusqu’au 3 juin 2016! Je vous rappelle qu'il suffit de cliquer sur l'un des boutons « Votez pour ce livre » pour soutenir l'un des quatre romans en lice :
- La Route étroite vers le Nord lointain de Richard Flanagan
- Quoi qu’il arrive de Laura Barnett (mon avis ici)
- Tout ce qu’on ne s’est jamais dit de Celeste Ng (mon avis ici)
- et Envoyée Spéciale de Jean Echenoz (mon avis ici)
A la clé, plein de chouettes cadeaux à gagner!
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Je crois que mon choix va se porter sur 'Quoi qu'il arrive'... Et vous?