Le 1er Festival international du journalisme vivant, organisé par les revues XXI et 6 Mois dans le Sud-Ouest du 29 au 31 juillet dernier, a non seulement été à la hauteur de mes espérances mais il a obtenu un succès bien mérité. Retour sur ces trois jours passionnants!

Les Ateliers de Couthures 2016

I had a dream...

J'en rêvais, ils l'ont fait!

Eux, ce sont Laurence Corona, la directrice de ce premier Festival International du journalisme vivant, ainsi que toute l'équipe des revues XXI et 6 Mois (que je ne saurais trop vous recommander), ce sont aussi les intervenants, aussi passionnants les uns que les autres, les nombreux bénévoles en tee-shirt jaune qui se surnommaient eux-mêmes "les canaris", sans oublier bien sûr les habitants de Couthures-sur-Garonne, qui ont tous donné de leur temps et de leur énergie pour faire de ce rêve une réalité.

Mais en fait, eux c'est aussi un peu nous, les centaines de contributeurs à la collecte organisée sur Ulule dont je vous parlais au mois d'avril. La preuve que quand un projet séduit, met des étoiles dans les yeux, quand on y croit tous ensemble, il peut se concrétiser. Et ça, c'est une sacrée bonne nouvelle!

Photos © Chloé Laforest
Photos © Chloé Laforest

Photos © Chloé Laforest

Les Ateliers de Couthures, concrètement c'était comment?

Eh bien imaginez un petit village tranquille du Sud-Ouest, en bord de Garonne (près de Marmande), sous le soleil de la fin du mois de juillet. Pour beaucoup c'est déjà les vacances, l'ambiance est détendue, il y a même une plage aménagée près de l'espace-restauration. Le coeur de l'été est le moment idéal pour se poser, écouter des spécialistes de sujets d'actualité les décrypter et répondre aux questions avec simplicité. Prendre le temps d'analyser. Réfléchir, échanger.

Photo © Chloé Laforest
Photo © Chloé Laforest

Imaginez maintenant des endroits comme la Maison des Gens de Garonne, la Maison des sauveteurs, la Corderie, la place du village ou encore l'église, reconvertis en "séchoirs" accueillant les différents ateliers. Reconvertis car suite aux attentats de Nice, les interventions prévues dans de vrais séchoirs à tabac à l'extérieur de Couthures-sur-Garonne ont dû être regroupés à l'intérieur du village. Ce qui en fin de compte s'est révélé plutôt chouette pour le public puisque nous pouvions "picorer", changer d'ambiance et alterner les thématiques tout au long de la journée!

Imaginez enfin des projections de films, de documentaires et de photoreportages, des lectures, des témoignages, des conférences, des rencontres, des débats et des tables rondes, mais aussi du théâtre, du stand-up, des visites guidées d'expo-photos et des concerts, dont quelques morceaux de MC Solaar, le parrain du festival. Sans oublier les séances de speed-dating qui permettaient d'échanger avec certains journalistes en tête-à-tête, ou encore la P'tite Rédac' initiant les enfants aux métiers des médias. Vraiment, il y en avait pour tous les goûts!

Photos © Stéphane Remael
Photos © Stéphane Remael

Photos © Stéphane Remael

Les thématiques abordées dans les différents "séchoirs"

Voici les sujets mis en avant lors de cette première édition des Ateliers de Couthures:

  • Les révolutions alimentaires : la figure du paysan est-elle en voie d'extinction? Pouvons-nous sauver nos semences? Comment retrouver du sens entre la fourche et la fourchette?
  • Changer la prison : de Guantanamo aux prisons privatisées américaines, en passant par nos maisons d'arrêt et centres de détention, l'enfermement va de soi quand il s'agit de punir. Pourtant, des alternatives existent, avec des résultats et des taux de récidive étonnement bas.
  • Participer, mode d'emploi : les initiatives collaboratives se multiplient, quelles sont les plus pormetteuses et quelles leçons les pionniers de l'autogestion d'hier peuvent-ils transmettre à leurs héritiers?
  • Décrypter la terreur : quel est le bilan de l'état d'urgence qui a suivi les attentats? Qui sont les jeunes qui rejoignent les rands de l'Etats islamique? Comment travaillent les services de renseignements pour contrer la menace?
  • Les dérangeurs : témoignages de ces citoyens qui nourrissent les médias et la sphère publique de leurs informations, prises de position, oeuvres, innovations. Jusqu'à, parfois, renverser un système.
  • Des frontières et des hommes : des milliers de femmes, d'hommes et d'enfants quittent chaque année leur pays pour tenter une nouvelle vie ailleurs. Mais dans un monde globalisé, les portes se couvrent de verrous, des murs se dressent sur la terre et dans les esprits...
  • L'Iran dévoilé : loin des clichés, l'Iran offre des visages surprenants. Il y est question de politique, de pendaisons publiques et de prêches misogynes, mais pas seulement.
Photos © Scoffier
Photos © Scoffier

Photos © Scoffier

Ce que je retiens

Comme vous vous en doutez, il est bien difficile de résumer ces trois jours denses, riches, et passionnants de bout en bout. Mais voici ce que je retiens du Festival :

Photo © Marie-Pierre Subtil
Photo © Marie-Pierre Subtil
  • Les révolutions alimentaires - Mon émotion devant les documentaires Anaïs s'en va-t-en guerre, de Marion Gervais, et Le potager de mon grand-père, de Martin Esposito. Le premier raconte le combat d'une jeune fille de 24 ans qui rêve de devenir agricultrice en Bretagne, et le second montre comment le réalisateur est retourné chez son grand-père afin qu'il lui transmette l'art de la culture biologique à l'ancienne : deux jolis films que je vous conseille! J'ai également beaucoup apprécié l'intervention de la sympathique Caroline Vignaud, chef du restaurant Le Goût Sauvage à Saint-Lô, qui a partagé ses conseils pratiques pour cuisiner en prenant soin de sa santé. Certaines de ses astuces nous sont bien utiles!
  • Changer la prison - J'aurais aimé fréquenter davantage ce séchoir mais je n'ai pu y voir que Chasing Bonnie and Clyde, intéressant documentaire sur l'innovation texane en matière de réinsertion des criminels.
  • Participer, mode d'emploi - La découverte de Blue Bees, le crowdfunding de l'agriculture écolo; du média en ligne Les Jours, nouveau site d'information généraliste sur abonnement qui raconte l'actualité sous forme de séries; ou encore de la web série Uberize me du journaliste belge Christophe Charlot qui, pendant un mois, a tenté de gagner sa vie en travaillant pour les nouveaux acteurs de l'économie participative (Airbnb, Deliveroo, Take it easy...).
  • Décrypter la terreur - Les interventions de David Thomson, journaliste de RFI qui s'entretient depuis quatre ans avec des djihadistes et qui s'interroge sur la 2e génération (les enfants nés en Syrie ou amenés là-bas par leurs parents); de Marie Dosé, avocate au barreau de Paris, qui pointe l'absurdité de l'état d'urgence prolongé; ou encore d'Yves Trottignon, ancien de la DGSE, qui explique que les services de renseignements sont à la peine car il y a trop de données à analyser...
  • L'Iran dévoilé - La projection en avant-première du film Le Client, d'Asghar Farhadi. J'ai aimé cette plongée dans la vie d'un jeune couple à Téhéran, à découvrir le 9 novembre au cinéma!
Photo © Scoffier

Photo © Scoffier

 

Pour être exhaustive, je termine avec mes (toutes) petites déceptions :

  • la rencontre avec Art Spiegelman, auteur de la BD culte Maus, qui ne s'est pas révélée aussi intéressante que ce que j'espérais
  • et le fait d'avoir raté la soirée Live Magazine du vendredi soir... Mais ce n'est que partie remise car je compte bien revenir à Couthures l'année prochaine!

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Alors on s'y retrouve en 2017 ?

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L
Ohlala, tu me vends ça très très bien! Dommage que je sois si loin :(<br /> Dommage pour la rencontre avec Art Spielgman... quand on connait son travail, on peut s'attendre à beaucoup.<br /> Gros bisous
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M
Oh oui, je suis sûre que comme moi tu aurais trouvé ça passionnant!! Pourquoi pas organiser des petites vacances près de Couthures l'an prochain? ;)