'La danseuse', de Stéphanie Di Giusto
Stéphanie Di Giusto a eu la bonne idée de faire appel à la vibrante Soko et à l'envoûtante Lily-Rose Depp pour incarner les danseuses rivales de son premier film. Une réussite!
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Drame / biopic français de 1h52min réalisé par Stéphanie Di Giusto avec Soko, Gaspard Ulliel, Mélanie Thierry, Lily-Rose Depp, François Damiens... Sortie le 28 septembre 2016.
Synopsis: Loïe Fuller est née dans le grand ouest américain. Rien ne destine cette fille de ferme à devenir la gloire des cabarets parisiens de la Belle Epoque et encore moins à danser à l’Opéra de Paris. Cachée sous des mètres de soie, les bras prolongés de longues baguettes en bois, Loïe réinvente son corps sur scène et émerveille chaque soir un peu plus. Même si les efforts physiques doivent lui briser le dos, même si la puissance des éclairages doit lui brûler les yeux, elle ne cessera de perfectionner sa danse. Mais sa rencontre avec Isadora Duncan, jeune prodige avide de gloire, va précipiter la chute de cette icône du début du 20ème siècle (source allocine.fr).
Voici la bande-annonce:
Le saviez-vous?
Loïe Fuller est une danseuse américaine ayant apporté sa petite révolution durant la Belle Epoque, hypnotisant Paris de ses chorégraphies virevoltantes et devenant par la même occasion une pionnière de la danse moderne. Sa particularité : tournoyer sur elle-même vêtue de plusieurs mètres de soie blanche en utilisant des projecteurs à électricité pour créer différents motifs via ses danses raffinées. L'artiste a été la muse du tout Paris, inspirant Toulouse-Lautrec ou Rodin avant de finir son existence oubliée de tous : "Loïe Fuller était l’une des danseuses les mieux payées au monde. Mais, bien qu’elle soit parvenue à réunir autour d’elle intellectuels et public populaire, beaucoup d’universitaires ne la considèrent pas comme une danseuse parce qu’elle n’a pas transmis son savoir", relate Stéphanie Di Giusto. La danseuse est enterrée au cimetière du Père Lachaise à Paris, à 100 mètres de sa grande rivale, Isadora Duncan (Lily-Rose Depp) : "Sa tombe est enfouie dans la végétation quand celle d’Isadora est magnifiquement entretenue. L’injustice perdure", s'indigne la réalisatrice.
Lily-Rose Depp, fille de Johnny Depp et Vanessa Paradis, incarne Isadora Duncan, jeune danseuse surdouée grande rivale de Loïe Fuller : "Isadora Duncan incarne tout ce qu’elle ne peut pas être : la jeunesse, le génie et la grâce. C’est elle la danseuse. Il lui suffit d’apparaître quand Loïe doit s’entraîner durant des heures et user de mille artifices. Cette forme d’injustice m’intéressait : on est tous confronté à ses limites un jour ou l’autre", relate Stéphanie Di Giusto. "Je ne la connaissais pas et suis allée aux Etats-Unis pour la rencontrer et lui faire passer des essais. Dès la première scène, j’ai compris que j’avais affaire à une star. Elle m’a bluffée. Lily-Rose, qui n’a que 16 ans, n’a peur de rien, et est incroyablement à l’aise dans son corps. Alors que Soko a dû s’entrainer durant des semaines, elle, a tout de suite collé au personnage. Toujours cette histoire d’injustice", ajoute la réalisatrice.
Les spectacles de Loïe Fuller demandaient une grande précision et une connaissance pointue en maths, chimie ainsi qu'un sens aigu de la scène. Par exemple, la robe utilisée par l'artiste nécessitait 350 mètres de soie pour sa confection : "Dès la première représentation de sa « Danse Serpentine » aux Etats-Unis, dans sa pauvre robe de coton, Loïe a conscience qu’il lui faut se donner les moyens de l’alléger et de lui donner de l’ampleur, et sait aussi que les simples effets de lumière ne lui suffisent pas. Loïe Fuller s’est nourrie de tous les ouvrages qu’elle trouvait et de tous les gens qu’elle rencontrait, Edison, Flammarion l’astronome. Elle a étudié l’éclairage, maitrise parfaitement tous les dispositifs scéniques - d’où son exigence de faire appel à 25 techniciens - et a même inventé les sels phosphorescents qu’elle appliquait sur ses costumes en montant son propre laboratoire de chimie. Elle est vraiment à la base de l’abstraction et du spectacle multimédias. Lorsqu’elle se produit aux Folies Bergères, elle est quasiment devenue une chef d’entreprise", explique Stéphanie Di Giusto.
Soko s'est entraînée 6 heures par jour durant 1 mois avec la chorégraphe Jody Sperling (la danseuse qui pratique le mieux l'art de Fuller actuellement) afin de se forger un corps robuste et musclé : "Le plus difficile pour elle était de tenir en équilibre et de danser à 2,50 mètres du sol, tout cela dans le noir. Soko est quelqu’un qui se donne à 100% : elle a un formidable appétit d’apprendre et s’est totalement investie dans cette préparation. Au bout des 4 semaines, elle était prête", raconte Stéphanie Di Giusto. La comédienne n'a utilisé aucune doublure pour ses scènes de danse.
Stéphanie Di Giusto a pris des libertés par rapport à la véritable histoire de Loïe Fuller. Elle a notamment inventé un père français pour La Danseuse afin de justifier le fait que Soko parle français sans accent américain dans le film : "J’ai donc fait du père un fortyniner, un de ces pionniers français venus au Nevada pour trouver de l’or. J’aimais aussi l’idée que Loïe doive échapper à quelque chose de violent en quittant les Etats-Unis : j’ai rendu le rapport qu’elle entretient avec sa mère beaucoup plus dur qu’il ne l’était en réalité en faisant de la mère un membre des Mothers, un mouvement anti-alcool qui est également le premier mouvement féministe américain", explique la réalisatrice. Cette dernière a également inventé le personnage de Louis, campé par Gaspard Ulliel : "J’avais besoin d’une présence masculine dans ce film peuplé de femmes. Loïe Fuller était homosexuelle et il était important pour moi de ne pas en faire le sujet du film. Louis Dorsay me touche beaucoup : c’est l’homme sacrifié du film", ajoute la cinéaste.
La dernière danse du film, la "danse des miroirs", a été tournée à l'Opéra de Paris durant une seule nuit, entre 2 heures et 8 heures du matin.
Source: allocine.fr
Mon avis:
Ce film m'intriguait depuis le dernier Festival de Cannes, où La Danseuse avait été très remarqué dans la section "Un Certain Regard". J'ai donc été ravie de pouvoir assister à une avant-première en présence de la réalisatrice il y a déjà trois semaines. Cette projection a été l'occasion d'une triple découverte puisque je ne connaissais ni Stéphanie Di Giusto, qui réalise là son premier long-métrage, ni Loïe Fuller, cette artiste méconnue au destin singulier, ni Lily-Rose Depp, dont on n'a pas fini d'entendre parler!
Stéphanie Di Giusto a démontré qu'elle avait autant de caractère et de volonté que son sujet puisqu'elle a dû s'armer de courage et de patience (6 ans!) pour mener à bien son projet... mais ça n'a pas été vain. Entourée des meilleurs (un casting impeccable, un directeur de la photographie qui a travaillé sur les films de Gaspar Noé et Ryan Gosling, la chorégraphe Jody Sperling pour entrainer Soko...), la réalisatrice fait preuve d'une réelle maitrise et livre un premier film ambitieux et élégant.
Les scènes de danse, pour lesquelles Soko n'a pas été doublée et où il n'y a pas d'effets spéciaux, sont de toute beauté! Le film donne vraiment envie d'aller voir un spectacle de Loïe Fuller... Je n'avais jamais entendu parler de la « Danse Serpentine » et j'en ai pris plein les yeux! Attention cependant à ne pas prendre le film pour argent comptant car, comme expliqué plus haut, la réalisatrice a pris pas mal de libertés par rapport à la véritable histoire de Loïe Fuller...
Pour résumer, La Danseuse est un film que je vous conseille, surtout si vous aimez la danse comme moi!