Une programmation tentante, des invités de qualité, une équipe accueillante, un tarif très attractif, le tout au coeur d'une ville superbe à 55 minutes de Toulouse, font des Oeillades un festival très chouette qui m'a complètement conquise!

Les Oeillades 2016, 20e Festival du Film Francophone d'Albi

Le week-end dernier j'ai participé pour la première fois aux Oeillades, le Festival du Film Francophone d'Albi dont la 20e édition se déroulait du 14 au 20 novembre dernier. J'ai pu voir six films, dont quatre avant-premières. Retour sur ces deux jours denses et passionnants, remplis de rires et de larmes mais surtout de bien jolies découvertes!

 

Mon "mini festival" a commencé dans la salle Arcé avec un film sorti en 2012 et diffusé d'abord à la télé: "Quand j'avais 6 ans, j'ai tué un dragon". Bruno Romy est confronté à la maladie de sa fille Mika qui apprend lorsqu'elle a 6 ans qu'elle est atteinte d'une leucémie, il décide alors de tout arrêter pour rester auprès d'elle, puis d'en faire un documentaire en y intégrant le côté burlesque qu'il affectionne. Si le sujet est grave, le film est donc léger et plein d'humour. J'ai beaucoup aimé les dessins intercalés entre les scènes, dessins "animés" par le jeune Oscar Aubry qui nous a parlé de son travail et du film après la projection : un bon moment! Mais j'avoue avoir été un peu gênée par le côté "reconstitution" du documentaire, puisque seules de rares séquences ont été tournées durant l'hospitalisation de Mika. La petite fille, ses parents et un médecin, Odile, sont les quatre "narrateurs" de l'histoire. La vie de toute la famille est chamboulée. Mika est attachante et impressionnante de maturité, j'ai suivi avec intérêt son parcours pendant la maladie. On se rend compte que le documentaire a été un moyen pour Bruno Romy, non seulement de partager son expérience autour de lui, mais aussi de se rapprocher de sa fille et de sa femme Annabelle et de créer à partir de cette période difficile une oeuvre personnelle. Et c'est une histoire qui finit bien puisque, même s'il faut attendre 5 ans pour pouvoir véritablement parler de guérison, Oscar nous a appris que Mika était en bonne santé!

 

Après une courte balade dans les jolies rues de la "ville rouge", direction le cinéma le Lapérouse pour l'avant-première du nouveau film de Benoît Jacquot, "A jamais", qui sortira en salles le 7 décembre. Il s'agit d'une adaptation du roman "The body artist", de Don DeLillo, que je ne connaissais pas. Le pitch tient en deux lignes: Rey, un acteur joué par Mathieu Amalric, rencontre Laura, interprété par Julia Roy. Il meurt et elle reste seule (ou pas) dans sa maison qu'on dirait hantée... C'est donc un film sur le deuil, mais j'avoue que sur le coup il m'a laissée perplexe et j'ai trouvé l'intrigue un peu mince! J'y ai vu cependant un parallèle intéressant avec le documentaire vu juste avant: Laura, elle aussi, se sert de l'épreuve qu'elle traverse pour avancer et devenir plus forte, et en fait une oeuvre d'art. Si j'ai mieux compris la démarche de Benoit Jacquot et surtout de Julia Roy, actrice montante qui interprète le personnage de Laura mais qui a également écrit le scénario de "A jamais", au fur et à mesure qu'ils répondaient aux questions du public après la projection, je n'ai pas été convaincue par ce film étrange...

 

Ma première journée aux Oeillades s'est terminée avec un film que j'attendais impatiemment : "Orpheline". J'étais ravie de le découvrir en avant-première (il ne sortira que le 29 mars prochain!), sans en avoir encore entendu parler et sans rien savoir de plus que ce qui était indiqué dans le programme : "Quatre moments de la vie de quatre personnages féminins. Une petite fille de la campagne, prise dans une tragique partie de cache-cache. Une adolescente ballotée de fugue en fugue, d'homme en homme, puisque tout vaut mieux que le triste foyer familial. Une jeune fille qui monte à Paris et frôle la catastrophe. La femme accomplie enfin, qui se croyait à l'abri de son passé. Peu à peu, ces figures forment une seule et même héroïne." Avouez que cela fait envie! Surtout quand on a au casting Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Solène Rigot, Gemma Arterton ou encore Nicolas Duvauchelle...

 

 

Ce film est le premier que je vois d'Arnaud des Pallières, qui malheureusement n'a pas pu être présent à Albi, et ce fut mon préféré ce samedi! Je n'ai pas vu le temps passer, les acteurs (et surtout les actrices) sont tous justes et j'ai aimé la construction en puzzle avec quatre personnes différentes pour jouer la même jeune femme à différents moments de sa vie. Seul petit bémol: les trois actrices les plus âgées ayant sensiblement le même âge, il n'est pas facile au premier abord de situer les différentes périodes évoquées dans le film les unes par rapport aux autres... Qui est-on vraiment, peut-on échapper à son passé? Telles sont les questions posées par "Orpheline", un film sur l'identité que je vous recommande chaudement!

 

Au programme dimanche matin : "Polina, danser sa vie"de Valérie Müller et son compagnon chorégraphe Angelin Preljocaj. L'affluence était telle dans la petite salle Arcé qu'une 2e projection a dû être ajoutée! Actuellement en salles, ce film adapté de la bande dessinée "Polina" de Bastien Vivès raconte comment une danseuse classique russe sur le point d'intégrer le prestigieux Ballet du Bolchoï découvre la danse contemporaine, ce qui provoque chez elle une profonde remise en question. J'ai été séduite par les nombreuses scènes de danse mais je suis persuadée que le film peut plaire même à ceux qui ne sont pas de grands amateurs de cet art. En effet, le sujet abordé - comment les danseurs contemporains doivent "désapprendre" la technique du classique pour se lâcher - est vraiment intéressant. A force de travail mais aussi grâce aux expériences qu'elle va vivre, Polina va petit à petit trouver sa voie. La Russe Anastasia Shevtsova, qui a appris le français pour les besoins du film et qui tient le rôle-titre pour sa première expérience au cinéma, s'en sort bien même si on peut lui reprocher un certain manque de charisme. Je suis contente d'avoir vu ce film, et sachez qu'à Albi le film sera rediffusé en février prochain dans le cadre d'un cycle sur la danse avec "La danseuse", "La relève" ou encore "Ballerina"...

 

Avant de voir le film suivant, "The Open", je me disais: ça passe ou ça casse, ça peut être un film que je vais détester ou au contraire que je vais adorer! Je sentais déjà qu'il n'y aurait pas d'entre deux... Voilà comment on peut le résumer: "La guerre est totale. Dans le décor sublime des Hébrides, deux hommes et une femme continuent à s'entrainer pour Roland-Garros sans balles ni raquettes..." Forcément, au début on est déstabilisé, on prend les personnages pour des fous. Mais je crois que ce film atypique et audacieux nous a tous embarqués puisque le réalisateur et le producteur qui étaient présents à l'issue de la projection n'ont eu que des retours élogieux de spectateurs qui, comme moi, ont été touchés et emballés. Pour vivre ou survivre quand on n'a plus rien ou que plus rien n'a de sens, il faut s'inventer des histoires, croire en quelque chose, se fixer un objectif : tel est le message véhiculé par Marc Lahoré à travers "The Open". La force de son film, c'est qu'il ne ressemble à aucun autre. C'est une véritable bouffée d'air frais. C'est culotté. Et c'est beau. Mais "The Open", c'est aussi une sacrée bonne nouvelle : la preuve qu'avec un budget très serré (l'équipe du film était réduite à 9 personnes), des conditions de tournage extrêmement difficiles (mais comme ces zones reculées d'Ecosse sont photogéniques...) et seulement trois acteurs (tous magnifiques), on peut faire un film original, enthousiasmant et marquant. Vous l'aurez compris, "The Open" est mon coup de coeur du festival, et je remercie les Oeillades de l'avoir programmé car il n'a pas encore de date de sortie en salles... Eh oui, aussi étrange que cela puisse paraître, ce film qui est régulièrement récompensé dans les festivals où il est projeté n'a pas encore de distributeur... Alors à bon entendeur!!

Les Oeillades 2016, 20e Festival du Film Francophone d'Albi

Pour clôturer mes deux jours de festival, je me suis laissée tenter par le "film surprise" projeté le dimanche à 18h, toujours dans la salle Arcé. Il s'agissait de l'avant-première de "Et les mistrals gagnants", un documentaire d'Anne-Dauphine Julliand qui devrait sortir en salles le 1er février 2017. Vous la connaissez peut-être puisqu'elle est l'auteure du best-seller "Deux petits pas sur le sable mouillé". La réalisatrice explique avoir souhaité, à travers ce film, "donner la parole à des enfants, des enfants 'malades' qui malgré leurs pathologies graves, nous donnent des leçons de vie, de bonheur et de sérénité, à nous adultes et à une société qui en manque cruellement". Ainsi, pendant 1h20, on fait connaissance avec Ambre, Charles, Camille, Imad et Tugdual, qui ont entre 6 et 9 ans et qui nous font partager leurs jeux, leurs rires, leurs rêves, tout en menant un combat de chaque instant contre la maladie. Devant ce film, qui n'est pas triste même si on est nombreux à avoir versé une petite larme pendant la projection, on reste pantois devant le courage et la lucidité de ces enfants extrêmement touchants. Le film est bien fait puisqu'on rit beaucoup mais on assiste aussi à des moments d'abattement, de désespoir. Certaines scènes sont impressionnantes, notamment celle où l'on voit les infirmières refaire les innombrables pansements de Charles, ce petit garçon adorable dont la peau est aussi fragile que du papier crépon. De nombreuses répliques sont hilarantes, comme celles du jeune Imad (ci-dessous) qui est absolument craquant. D'autres séquences font réfléchir et sont éclairantes, par exemple quand la soeur d'Ambre explique qu'il faut faire confiance au malade et ne pas le surprotéger pour le laisser s'amuser... Même si les deux films sont très différents, j'ai donc commencé et terminé le festival avec la même thématique des enfants malades: la boucle était bouclée!

Les Oeillades 2016, 20e Festival du Film Francophone d'Albi

Ma première expérience aux Oeillades a donc été très positive, et si vous en avez l'occasion je vous encourage à venir découvrir à votre tour ce chouette festival l'an prochain! Faites confiance à l'équipe organisatrice pour la programmation, la beauté d'Albi fera le reste. Comme Benoit Jacquot qui a confié que c'était pour lui "une chance" de venir présenter son film à Albi, je suis sûre que vous serez conquis. Merci à toute l'équipe des Oeillades et rendez-vous l'année prochaine!

 

Infos pratiques :
- site internet : www.cine-oeillades.fr
- tarif : 6 euros en plein tarif et de 3 à 5 euros en tarif réduit, 50 euros le pass 10 séances, 30 euros le pass 6 séances.
Les Oeillades 2016, 20e Festival du Film Francophone d'Albi
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B
bon je ne reviendrais pas sur le mystère The Open sur lequel je taille un short ( c'est le cas de le dire) dans mon commentaire du jour, mais sinon sache que je suis d'accord totalement avec toi sur Ophrelines vu il ya quelques semaines à paris et que j'ai beaucoup aimé, mais là pour le coup on est un peu seuls contre tous j'entends pas mal de voix discordantes sur ce film surtout chez certains exploitants :o) "a jamais" par contre j'ai totalement detesté, ca m'a fait le même effet ou presque que the open c'est dire :o)
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M
Oui, "Orphelines" m'avait bien plu, du coup je suis contente de l'avoir vu il y a longtemps pour ne pas être influencée par les avis plus négatifs... Comme toi "A jamais" m'a laissée sur le carreau : je le dis gentiment dans l'article car le débat qui a suivi la projection m'a permis de faire la part des choses, mais j'avoue que si j'étais sortie direct de la salle j'aurais été beaucoup plus virulente. C'est le bon côté des rencontres! ;)
L
Une belle programmation, tout donne envie!<br /> Gros bisous
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M
Oui, je ne m'attendais pas à autant de bonnes surprises!<br /> Bonne soirée et gros bisous!