Dans "Sélection officielle", journal de bord tenu entre la fin du 68e Festival de Cannes et celle du 69e, Thierry Frémaux nous fait entrer dans les coulisses de l'évènement cannois. Un régal pour tous les passionnés de cinéma!

 

Le livre:

Jamais, dans l’histoire du Festival de Cannes, qui soufflera en 2017 ses soixante-dix bougies, l’homme qui préside à la Sélection officielle n’avait ainsi tenu son Journal au jour le jour en vue d’une publication. De la clôture de Cannes 2015 à celle de 2016, voici une année dans la vie d’un boulimique qui aime aimer. Nous sommes conviés au cœur de la machine du plus important festival du monde: les équipes, le fonctionnement interne, le jury, les relations avec les critiques et les médias, mais surtout avec les artistes – scénaristes, réalisateurs, acteurs – du monde entier, les producteurs, les agents, les festivals concurrents, jusqu’à l’élection, à partir des 1800 cents films visionnés, de ceux qui feront la "Sélection officielle".
Nous sommes aussi au poste de pilotage de l’Institut Lumière de Lyon et à son festival Lumière, aux destinées desquels préside le même homme, qui nourrit pour sa ville de cœur une passion communicative. Mais au-delà de la communauté du cinéma qui trouvera ici un des plus beaux livres d’hommage au septième art et à ceux qui vivent dans son culte (les portraits qui émaillent le texte sont étincelants), le lecteur sera emporté par la diversité des curiosités et la puissance d’un style, tant ce Journal de mémorialiste est avant tout celui d’un grand vivant. On comprend mieux, au fil de ces pages, qu’il n’est de passion du cinéma que nourrie par toutes les autres (source: www.grasset.fr)

 

L'auteur:

Thierry Frémaux est un enfant des Minguettes à Vénissieux dans la banlieue de Lyon. Directeur de l’Institut Lumière, il est appelé par Gilles Jacob qui lui propose de venir le seconder à la direction du Festival de Cannes, dont il sera fait délégué général en 2007. Lorsque Pierre Lescure succède à Gilles Jacob à la présidence du Festival en 2014, Thierry Frémaux est confirmé dans ses fonctions. Parisien et lyonnais à la fois, toujours entre deux vélos, deux trains, deux avions, plusieurs vies, il s’est arrêté en vol le temps de nous livrer ce témoignage qui comptera dans les annales de l’histoire du cinéma (source: www.grasset.fr).

 

Mon avis:

Je fais partie de ceux que le Festival de Cannes fait rêver. Lorsque j'avais 20 ans, j'ai eu la chance d'être accréditée, et depuis je meurs d'envie d'y retourner. Pour voir des films plus que pour voir des star(lettes). Pour partager mon amour du cinéma et échanger avec les gens qui le font plus que pour le champagne et les paillettes. Il s'avère qu'en plus, depuis toute petite, je connais bien la Croisette...

 

Tout ça pour dire que dès sa sortie début janvier, je me suis vite procuré le livre de Thierry Frémaux. Et malgré ses 617 pages, Sélection officielle m'a passionnée de bout en bout. Pendant un an, le directeur délégué du Festival de Cannes a tenu son journal de bord (sur une idée de Sabine Azéma, comme il le dit dans les premières pages). Cela devrait faire partie de ses fonctions tellement on aimerait pouvoir entrer chaque année dans les coulisses du plus grand festival de cinéma au monde! Je l'ai vécu comme un grand privilège et je n'avais pas envie que le livre se termine...

 

Photo Joël PhilipponD'ailleurs je suis assez admirative de voir qu'il a trouvé le temps de le rédiger malgré un emploi du temps hyper chargé. Mais Thierry Frémaux est un homme organisé : il partage son temps entre Paris et Lyon, entre le Festival de Cannes et l'Institut Lumière dont il est le directeur et dont la devise pourrait aussi être la mienne : "Good films, good friends, good food". Quel beau programme!

 

Au fond, le directeur délégué du Festival de Cannes est un homme comme tout le monde, mais qui de par ses fonctions évolue dans un milieu extraordinaire. Thierry Frémaux a commencé à l'Institut Lumière en portant des bobines de film, il n'a pas été payé pendant 8 ans. Il sait que tout peut s'arrêter du jour au lendemain et s'il devait finir sa carrière "en déchirant des tickets de cinéma à l'entrée d'une salle", il le ferait tant qu'il resterait dans le cinéma. On apprend cependant dans le livre que le cinéma est loin d'être sa seule passion: le Lyonnais aime aussi beaucoup le vélo (son unique moyen de locomotion à Paris et à Lyon), le foot (et en particulier l'OL), la musique (c'est un grand fan de Bruce Springsteen) ou encore la littérature.

 

Photo Joël Philippon / leprogres.fr

Premier jour d'un week-end qui s'ouvre par une visite à quelques bouquinistes du Vieux Lyon. J'aime le cinéma mais "je ne connais pas de plaisir qui vaille celui des livres", comme disait Pessoa.

Page 513

D'ailleurs j'ai trouvé Sélection officielle bien écrit, malgré quelques coquilles certainement dues à un manque de relecture. Les chapitres correspondant aux mois de l'année et les sous-chapitres aux jours donnent un rythme enlevé au récit et font qu'il se lit très (trop) vite! Il y a aussi des passages assez drôles, par exemple cette histoire que Martin Scorsese a racontée un jour à Thierry Frémaux :

Il était donc au somment de sa réussite et fut invité à Los Angeles par des producteurs qui lui ouvraient les bras. Dès le premier dîner, on évoqua sa carrière, on lui fit des compliments, puis des offres. On lui demanda aussi quel projet en langue anglaise lui tiendrait le plus à coeur et il répondit : "Réaliser une adaptation de Richard III. - Impossible, lui répliqua-t-on. Le film ne marchera pas. - Pourquoi? - Le public américain n'ira jamais voir Richard III car il pensera qu'il a raté les deux premiers.

Page 171

'Sélection officielle', de Thierry Frémaux

Certains reprochent à Thierry Frémaux le "name dropping" dans le livre, mais cela ne me semble pas justifié car il parle de tous ses amis et collaborateurs, qu'ils évoluent dans l'ombre ou qu'ils soient stars du 7e art. Il cite également plein de films qu'on a forcément envie de voir ou de revoir... Et évoque de belles idées, à l'image de celle-ci :

On peut rêver, dans cet art où l'effet de signature est si important, de projeter des films sans leur générique. Mieux : le faire à Cannes. Il y aurait des surprises.

Page 502

Dans Sélection officielle, Thierry Frémaux ne fait pas l'impasse sur les sujets qui fâchent: l'affaire Polanski, le manque de réalisatrices en compétition ou encore la blague ratée de Laurent Lafitte sur Woody Allen lors de la cérémonie d'ouverture en 2015. Il décrit la frénésie qui gagne les bureaux parisiens dans les mois qui précèdent le Festival - je ne pensais pas d'ailleurs que les films et le jury n'étaient sélectionnés que quelques semaines avant! Pour la petite histoire, c'est alors que je lisais un passage sur Pedro Almodovar que j'ai appris que le réalisateur espagnol serait le Président du Jury 2017. Mais je sais désormais que le jury va se constituer sans lui, qu'il n'aura pas son mot à dire et qu'il va découvrir sa composition quasiment en même temps que nous. Seule certitude : il y aura autant d'hommes que de femmes!

 

Alors qui succédera à Moi, Daniel Blake, de Ken Loach, au palmarès? Réponse le 28 mai prochain, au terme d'un Festival qui aura d'autant plus de saveur que non seulement ce sera la 70e édition, mais que en plus la lecture de ce livre m'aura plongée dans les coulisses de l'évènement!

 

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Si vous aimez le cinéma, Sélection officielle est à lire absolument!

Retrouvez aussi mon billet sur Lumière! L'aventure commence, film de T. Frémaux.
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C
Ahhhh j'arrête pas d'en entendre parler je vais me l'offrir...<br /> Bon WE. De cinéma ? bises
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M
Eh non, je n'ai pas été au ciné ce week-end...<br /> Bonne lecture Céline!
A
très beau blog sur le lifestyle. un plaisir de me promener ici.
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M
Oh merci Angeline, ça me fait très très plaisir! A très vite alors ;)
A
Un vrai amoureux du cinéma !
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M
Ca c'est clair!